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Où sont parties les petites filles ? / Nora Bussigny
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Elles ont l'âge des jupes et des rires, des jeux et des récits, des bonbons et des soupirs. Elles s'appellent Jade, Lucie, Sonia ou Kenza, elles ont 11 ou 15 ans, et elles participent sans le savoir à la déconstruction de l' édifice d'une jeunesse libre de ses moeurs. Aujourd'hui, dans une cour de récréation lambda comme la France en possède mille, il n'y a plus besoin de se demander où sont les femmes, mais plutôt de savoir où sont parties les petites filles. En observant depuis trois ans maintenant, en tant que surveillante, les contradictions comportementales des adolescents, il m'est vite apparu que le flambeau que leur transmettrait ma génération servirait non pas à éclairer les consciences collectives mais à embraser le bûcher où gît la liberté féminine. Alors même que garçons et filles évoluent scolairement dans la mixité, et qu'ils voient pour la plupart leur mère exercer un emploi au même titre que leur père, on peut observer à l'aune de cette jeunesse la montée d'un sexisme que le mouvement #metoo ne saurait hélas contrer.
Voir le numéro de la revue «Revue des deux mondes, 3796, 01/09/2018»
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