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National Rifle Association, la toute-puissance en équilibre / Célia Belin
Article
Chaque fusillade de masse aux Etats-Unis, telle que celle de Newtown, en décembre 2012, où vingt jeunes enfants ont péri, interpelle l'opinion publique et suscite chez les élus des déclarations de solidarité et d'affection exacerbées. Pourtant, la législation sur la maîtrise de la vente et de la possession des armes à feu n'a pas évolué depuis dix-neuf ans. Un tel statu quo sur une grave problématique de santé et de sécurité publiques s'explique par l'attachement culturel profond des Américains à leurs armes, conforté par une interprétation individualiste de la Constitution américaine, mais aussi par l'action de la National Rifle Association (NRA), grand lobby américain des armes à feu. La NRA est au sommet de sa puissance, avec un solide ancrage territorial et des techniques de lobbying rodées qui en font un acteur incontournable du processus de législation au Congrès. Mais cette toute-puissance pourrait être remise en question par des évolutions récentes : la part des Américains qui possèdent une arme est en diminution tandis que la rhétorique de la NRA se radicalise. En se positionnant de plus en plus sur une législation de niche, soutenue par les irréductibles, la NRA risque de perdre de son influence.
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Quatrième de couverture
Singulier destin que celui du député Alphonse Baudin. On ne le connaît que par les circonstances de sa mort. Le 3 décembre 1851, il s'oppose au coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte. Aux Parisiens qui refusent de rejoindre des élus dont l'indemnité législative de 25 francs par jour est très impopulaire, il lance un « mot sublime » : « Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs. » Sur la barricade, une balle le tue.
Mais qui est donc Baudin ? Peu importe son travail de député, historiens et politiques n'ont débattu que des circonstances de sa mort. La bataille a longtemps fait rage pour qualifier son geste jusqu'à ce que le transfert de sa dépouille au Panthéon le consacre comme un acte de bravoure. Des générations d'écoliers français ont admiré le sacrifice de Baudin magnifié par Victor Hugo et Victor Schoelcher, ses compagnons de barricade et de Panthéon. Pourquoi, dans la République bien établie, le souvenir s'en est-il effacé ? Baudin a-t-il seulement prononcé son « mot sublime » ? La mort héroïque suscite toujours une grande interrogation - est-il des valeurs au-dessus de sa propre vie ?
En fait, cette biographie posthume d'Alphonse Baudin pose l'énigme du sacrifice en politique et révèle ainsi une inquiétude sur l'état de la démocratie contemporaine.
Biographie
Professeur de science politique à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, Alain Garrigou a notamment publié une Histoire sociale du suffrage universel en France (1848-2000), Les Élites contre la République. Sciences Po et l'Ena, L'Ivresse des sondages, Les Secrets de l'isoloir. Il dirige l'Observatoire des sondages.
Source : Electre