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Les Malheurs de la démocratie chilienne / Pierre Vayssière
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Peut-on parler de "démocratie" sous le gouvernement d'Allende ? Cet idéal d'un gouvernement du peuple et pour le peuple, apparu dans la Grèce antique, aurait bien du mal à renaître dans ce bout du monde que représentait (et encore aujourd'hui) ce petit pays à la "géographie impossible" ouvert à l'Ouest sur le Pacifique et fermé à l'Est par la haute cordillère andine, la tête dans les chaleurs tropicales et les pieds dans l'Antarctique glacé. Un admirateur de "l'expérience Allende" affirme : "l'Etat chilien (sous Allende) se proposait de construire la démocratie économique". Comme si l'histoire des sociétés ne relevait que d'un volontarisme bienveillant, à l'abri de toute contingence ; comme si la "voie chilienne vers le socialisme" était un impératif catégorique en devenir, inscrit dans l'univers des formes abstraites du socialisme. Dans les années 1970, une large partie de la presse européenne défendait la légitimité de l'expérience chilienne, en accord avec les règles constitutionnelles du pays, et qui aurait pu déboucher sur un nouveau "modèle socialiste" exportable vers d'autres continents. Un socialisme des antipodes qui saurait concilier le progrès social et les libertés... Pour mieux cerner les contraintes et les limites de la démocratie chilienne au temps d'Allende, Pierre Vayssière propose d'examiner, d'abord, les conditions d'accès au pouvoir de l'Unité populaire, puis la personnalité de Salvador Allende, et enfin, les contradictions observées et les obstacles rencontrés par le gouvernement de l'Unité populaire durant ces trois brèves années, entre octobre 1970 et septembre 1973.
Voir le numéro de la revue «Historiens et géographes, 447, 01/08/2019»
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