scène locale - chanson française
Ad Libido
Fondé à la croisée des millénaires, le groupe Ad libido a écumé les scènes régionales pendant plus d'une décennie, testant différentes formules instrumentales.
Début 2014, Ils ont publié leur troisième album, A l'ouest rien de niveau (non, il n'y a pas de faute de frappe !)
Sur cet opus, on retrouve le groupe tel que stabilisé depuis quelques années autour d'un instrumentarium peu banal : ici pas de synthétiseurs, ni de batterie, mais guitare, harmonica, didgeridoo, guimbarde, quelques discrètes percussions, ainsi qu'un drôle d'engin - une GBP, objet unique, puisque né de l'imagination de son interprète dans le groupe, Fabrice Oulchen. Il s'agit d'une guitare jouée à plat, qui génère des sonorités de guitare, basse et percussions -d'où son nom !
Lors de leurs concerts, la chose ne manque pas d'intriguer les spectateurs...
Les textes, écrits par Michel Méchape, également compositeur, guitariste et chanteur, naviguent avec finesse entre poésie et critique sociale, portant sur le monde un regard humaniste non dénué d’ humour.
Mais ce qui frappe le plus à l'écoute de cet album, ce sont les climats et l'unité qui s'en dégagent malgré la diversité de l'instrumentation et des thèmes abordés, faisant d’Ad Libido un de ces groupes que les disquaires - ou ce qu'il en reste - auront du mal à classer. Ni rock, ni vraiment chanson - les trois pièces instrumentales de l'album sont bien plus que des interludes - la musique du quatuor, dans un grand écart sans influence perceptible, chatouillant tout autant Ennio Morricone que Noir désir, n'en mérite pas moins de rencontrer un plus large public.
On serait tentés de vous dire que sur scène, le quatuor a gardé le goût des rencontres, invitant régulièrement d'autres musiciens, chanteurs ou danseurs (Ah ! Alexandra et sa danse flamenca...) à les rejoindre… mais cette formation originale s'est malheureusement séparée en 2015.
Michel Borla
Influencé par les musiques rock et folk des années 60 et 70, le multi instrumentiste niçois Michel Borla fut un temps le guitariste du fameux chanteur occitan Mauris.
Dans les années 90, loin de sa ville natale, c’est en qualité de bassiste qu’il enregistre deux albums avec le groupe de rock Exclusive Raja.
De retour à Nice au début des années 2000, il s’attelle à la composition et à l’écriture de chansons en français, publiant en 2007 le premier d’une série d’albums intimistes aux textes souvent mélancoliques.
L’année 2018 voit la parution d’un cinquième disque, où Michel Borla enrobe ses propos doux-amers d’un instrumentarium chatoyant, mêlant subtilement sonorités acoustiques et électriques, harmonies vocales travaillées, pour un résultat abouti qui se révèle au fil des écoutes et mériterait que son auteur rencontre enfin un plus large public.
Chinaski
Vingt ans déjà que Jean-Louis Rougier, alias Chinaski, traine ses humeurs bukowskiennes sur toutes les scènes régionales et parfois au-delà, en groupe d’abord, et depuis quelques années souvent aussi en solo.
Si son travail peut être rattaché à ce que l’on a appelé la nouvelle chanson française, celle d’un Miossec – pour le côté désabusé –, d’un Boogaerts - pour le côté bricolage –, ou encore d’un Murat – pour une certaine désinvolture -, Chinaski se démarque pourtant des enfants de Bashung, notamment par son cynisme, et crée son propre univers au réalisme glacé.
Malgré des centaines de concerts, de salles en bars – Le Volume, La Zonmé, Le Ketje, Le Shapko…- , de prestigieuses premières parties – Higelin, Cali, Bashung, etc. – en improbables tournées, ce niçois, dont la musique évoque davantage celle d’un Dominique A que d’un Dick Rivers, n’a pas encore rencontré – comme d’autres, me direz-vous – le succès qu’il mériterait, confirmant s’il en était besoin, que nul –ou presque – n’est prophète en son pays.
Christophe Sarale
Trésor caché de notre scène locale, Christophe Sarale connut néanmoins un début de reconnaissance dès le début des années 90, notamment pour ses contributions aux groupes Fatrasie et Malpertuis.
A la fin de cette même décennie, il se tourne vers une carrière solo intimiste, essentiellement acoustique, où guitares, flûtes et percussions accompagnent délicatement des textes à la poésie onirique.
Si Branduardi, Yacoub, Beaucarne ou Thiéfaine ne sont pas loin, l’homme a incontestablement son langage, une poésie propre à lui assurer un non-succès durable en ces temps de musique jetable.
A son sujet, la presse musicale a usé –et abusé ?- des mots baladin, ménestrel ou troubadour, entendant peut-être chez lui une musique d’ailleurs ou d’un autre temps… D’un temps révolu, diront sans doute ceux qui ne sauront lui prêter une oreille attentive, ceux qui n’ont jamais lu Rimbaud ou écouté Brassens.
Apprécier la musique de Christophe Sarale se mérite, chaque album est unique ! Ecoutez Terra camina et ses légendes du pays niçois revisitées en musique, écoutez Les Représailles, chanson-fleuve aux 128 couplets, laissez vous emporter par les Chants lointains.
A l’heure du renouveau du folk, à l’heure où l’on découvre ou redécouvre Nick Drake, Vashti Bunyan ou Linda Perhacs, il n’est pas trop tard pour écouter Christophe Sarale…