Alexander Kipnis à Anna Stepanovna sorine
L'étonnant parcours d'un document sonore récemment découvert dans nos collections
Frédéric Fuochi
Responsable du pôle numérique et conservation musique
Bibliothèque Municipale à Vocation Régionale de Nice
Mai 1949, Westport. Conn. »
(Traduit du Russe par Mme Dessislava Cuisinaud que nous remercions ici.)
Ce magnifique album, découvert dans les collections récemment données par la Bibliothèque Municipale de Monaco à la Bibliothèque Municipale de Nice, est l'exemple même d'un fil tendu vers le passé. En suivant ce fil, même ténu, nous pouvons retracer le parcours d'un document et, parfois, celui de son propriétaire. La dédicace inscrite par la très célèbre basse russe Alexander Kipnis, sera ici notre point d'entrée.
Wiesbaden de 1916 à 1918
Opéra de Berlin de 1919 à 1930
Opéra d'État de Berlin de 1932 à 1935
Metropolitan Opera de New York de 1940 à 1952
On le trouve également régulièrement au Festival de Bayreuth avant sont évictions par les nazis. Il obtiendra la nationalité américaine en 1931. Au crépuscule de sa carrière, il enseignera le chant à New York. Alexander Kipnis sera considéré comme une immense star en son temps. Dans cet album, daté de 1945, que nous vous invitons à écouter sur cette page, Kipnis est à l'apogée de son art. Sa voix est d'une souplesse et d'une profondeur exceptionnelle.
Anna Stepanovna Savelii Abramovitz Sorine, dédicataire de cet album fut l'épouse du peintre portraitiste Savelii Abramovitz Sorine (ou Savely Sorine : 1878 - 1953). Il est l'auteur de ce très beau portrait d'Anna.
Anna Stepanovna Savelii Abramovitz Sorine, dédicataire de cet album fut l'épouse du peintre portraitiste Savelii Abramovitz Sorine (ou Savely Sorine : 1878 - 1953). Il est l'auteur de ce très beau portrait d'Anna.
Émigrée en France, depuis la fin des années 30, Anna est faite citoyenne d'honneur en raison de son rôle au service médical de l'armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus tard, elle fera de nombreux séjours aux Etats-Unis avec son mari peintre où elle aura, sans doute, des contacts avec ses compatriotes expatriés. C'est probablement dans ce cadre qu'elle croisera la route d'Alexander Kipnis.
Après le décès de son mari, en 1953, Anna épousera, en secondes noces, le grand duc georgien Mikhaïl Jotovitch Shervashidze et ajoute ainsi ce deuxième nom au sien.
En 1973, elle se rendra à Moscou et présentera aux galeries d'art russes vingt peintures célèbres de Sorin, dont un portrait de Chaliapin. En 1974, elle fera don au Musée géorgien des beaux-arts des portraits de femmes géorgiennes éminentes (Episo Dadiani et Melita Cholokashvili, etc.). Anna s'éteindra à Monaco.
Son époux, Savelii Abramovitz Sorine, est le portraitiste attitré des personnalités culturelles et de la haute noblesse. Parmi lesquelles : l'actrice de cinéma Liliane Giche, les chorégraphes Georges Balanchine et Fokine, les ballerines Spesivtseva et Baronova, les peintres Benois, Polyakov et Lanskoy, le philosophe Chestov, l'écrivain Teffi et les membres de la famille royale britannique, dont un portrait de la princesse Elizabeth - future Reine d'Angleterre :
A partir de 1923, Sorin se rendra fréquemment aux États-Unis, travaillant à New York, San Francisco, Los Angeles, Pittsburgh, Chicago, Wilmington etc. Dans ses premières années, il est parrainé par le millionnaire Cohn, qui l'introduit dans les hautes sphères de la société américaine. Des expositions lui sont exclusivement consacrées à Pittsburgh (1924/1925) et à New York (Wildenstein, 1927, 1934, 1948 ; Knoedler, 1942, 1949). Le portrait d'Anna Pavlova (1922) est acheté par le gouvernement français et placé au musée du Luxembourg à Paris.
A travers ce document, comme dans bien d'autres trésors des collections sonores monégasques que nous publierons progressivement, se perçoit nettement la présence de SAS La Princesse Grace par l'attraction qu'elle a exercée sur le monde artistique : l'une de ses contributions majeures au rayonnement de la Principauté.