Vidéo

Falling / Viggo Mortensen, réal.,scénario

Edité par Metropolitan Filmexport - 2021

John vit en Californie avec son compagnon Eric et leur fille adoptive Mönica loin de la vie rurale conservatrice qu'il a quittée voilà des années. Son père, Willis, un homme obstiné issu d'une époque révolue, vit désormais seul dans la ferme isolée où a grandi John. L'esprit de Willis déclinant, John l'emmène avec lui dans l'Ouest, dans l'espoir que sa soeur Sarah et lui pourront trouver au vieil homme un foyer plus proche de chez eux. Mais leurs bonnes intentions se heurtent au refus absolu de Willis, qui ne veut rien changer à son mode de vie...

Contient aussi : entretien avec Viggo Mortensen au Festival de Lyon, making of.

Sous-titrage Sourds et malentendants

Festival international du film de San Sebastian : Meilleur film , 2020

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Avis

Avis des professionnels

  • FALLING, le premier film de l'acteur Viggo MORTENSEN 5/5

    Je n'ai qu'un regret : Que sa date de sortie en DVD ne m'ait pas permis de faire figurer ce film parmi notre sélection sur le thème "1000 et une façon d'être parents", exposée au secteur Vidéo de la Bibliothèque Nucéra en décembre 2020. En effet, la thématique de notre sélection englobait, entre autres sous-thèmes, les relations des enfants devenus adultes avec leurs parents vieillissants. Ici, l'acteur à succès du Seigneur des anneaux et de Green Book propose, après bien des aléas, dont deux tentatives de tournages ajournées, le récit particulièrement touchant des rapports entre Willis, gagné peu à peu par la démence sénile, et son fils John, incarné par Mortensen lui-même. Le film alterne des tranches de la vie quotidienne des personnages en 2009 (d'un réalisme saisissant, riches de sentiments - et de ressentiments -, au plus près du vécu et de la psyché des protagonistes) avec les souvenirs plus troubles, poétiques et décalés, d'une réalité ancienne. Souvenirs d'abord discrètement revus et corrigés par le prisme du temps passé, puis, de plus en plus souvent, dans des inserts plus percutants, par le tamis de la mémoire du vieil homme, qui commence à "battre la campagne". Car Willis est un ancien agriculteur, qui peine de plus en plus à maintenir un semblant d'activité dans la ferme familiale, où il vit seul depuis des années. Les paysages, filmés avec tendresse, attention et patience, apportent au film un ancrage terrien, autant qu'un fil rouge chronologique, ainsi que des temps de respiration bienvenus, en ouvrant, au sens premier du terme, l'horizon toujours plus étriqué du vieil homme. Mais aussi en offrant une échappatoire bienfaisante à la tension qui régit en permanence ses échanges avec son entourage familial, comme avec les personnes de rencontre : Échanges faits de frictions, largement dominés par l'agressivité de Willis, sa propension à vociférer insultes et insanités, et, parfois, parce qu'il n'est pas non plus dénué de roublardise, par la mauvaise foi avec laquelle il se réfugie derrière l'excuse de la sénilité, dont il sait aussi user pour manipuler son monde. Hormis lorsqu'il a l'occasion de s'investir enfin dans son rôle de grand-père : Pour sa petite fille adoptive, le patriarche trouve in-extremis la voie de la proximité, de la confiance mutuelle, de la complicité ; ainsi qu'une ouverture, et peut-être une rédemption, vers une possible transmission aussi bien concrète, objective, que mémorielle... et affective. C'est un autre des contrepoints intéressants ménagés par le réalisateur, qui empêche le film de baigner totalement dans une atmosphère étouffante, où le spectateur serait piégé, à l'instar des personnages, et tournerait pareillement en rond à la recherche d'une issue qui ne soit pas fatale et définitive. Même si Willis a toujours été difficile à vivre, pour sa femme, parce que jaloux et suspicieux, pour ses enfants, parce qu'instable et colérique, voire violent, il est cependant accessible à la tendresse. Tendre et attentif, il a su l'être autrefois avec John, dans la petite enfance de celui-ci. Les souvenirs croisés du père et du fils en attestent, et permettent de reconstruire un cheminement au fil de leurs existences respectives, et d'en retrouver la racine commune. Entre le père et le fils, c'est devenu compliqué, et difficile, comme la vie. Les choses changent, et cette impermanence est bien sûr porteuse d'angoisse, d'avantage à mesure que s'amenuise la capacité d'autonomie, et les moments de lucidité de Willis. Mais il est possible de puiser, aux sources du passé, la force de renoncer. D'accepter l'inéluctable qui vient. De se retrouver juste à temps pour se dire au revoir, et se montrer qu'on s'aime, puisque c'est si difficile à dire. Pour permettre, à la toute fin - après un acmé saisissant, sorte de sommet dans la confrontation -, de lâcher enfin prise, et autoriser l'un à partir, et les autres à lui survivre, dans des liens retrouvés, reconstruits, apaisés. On sait, dès lors, qu'on peut laisser cette famille à son devenir, et que la mémoire fera le reste. Après. Laurence EICHHORN, Bibliothèque Nucéra, Secteur Musique & Vidéo.

    EICHHORN Laurence - Le 20 janvier 2022 à 11:38