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Les Couleurs du "Devoir" -Paul Eluard- / Martine Créac'h
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Plusieurs ouvrages récents ont étudié la façon dont les pratiques littéraires (performances, lectures publiques, travaux sonores ou visuels) se déploient hors du livre. Si ces pratiques ne suffisent pas à marginaliser l'objet livre, elles invitent cependant à porter un regard critique sur celui-ci, en rendant plus sensible l'écart entre le texte et le livre, en donnant, par opposition à toutes les dimensions virtuelles de la littérature, une importance accrue à sa dimension matérielle. L'oeuvre de Paul Eluard est particulièrement intéressante à examiner dans cette perspective d'abord parce que l'auteur, avec Max Ernst, des "8 poèmes visibles" fut très sensible à cette dimension matérielle du livre, à la visibilité du poème comme à la "nuit blanche" du papier, mais aussi parce que le sens de certains de ses poèmes, comme le poème "Liberté", a pu dépendre étroitement des formes qui les ont donnés à lire et les ont adressés à des publics spécifiques. Je voudrais, dans cette étude, me consacrer au premier recueil signé par Paul Eluard, "Le Devoir" dont la mince plaquette fut tirée sous une couverture muette de papier beige en 1916.
Voir le numéro de la revue «Littérature, 195, 01/09/2019»
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