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La "Petite lanterne du progrès" : Instituteurs et éducation populaire aux marges de Paris (1890-1914) / Christophe Granger
Article
Entre 1890 et 1914, l'école primaire, centre laïcisé des existences locales, forme aussi le coeur d'une intense oeuvre d'"éducation populaire", celle des adultes autrement dit. Le soir, après la classe, les instituteurs accueillent la population locale et s'efforcent, en favorisant l'accès de chacun à la compréhension du monde et au débat d'opinion, de faire naître le "citoyen éclairé" que les républicains appellent de leurs voeux. La banlieue "ouvrière" qui s'organise alors aux portes de Paris se révèle d'une particulière vivacité. Outre les cours du soir, les maîtres y multiplient les conférences, auxquelles les projections lumineuses confèrent un succès considérable. Marqués par l'idéal d'une société solidaire, ils animent aussi de nombreuses amicales d'anciens élèves de l'école, qui assurent une importante entraide locale et la socialisation des jeunes par les aînés. Cette éducation populaire n'a rien de simples restes du festin scolaire de la République. Elle elit l'implication sociale des instituteurs, la plasticité de leur métier et l'inventivité pratique dont ils faisaient montre. Elle dit aussi l'intensité passée d'une croisade nationale, où se dessinaient les interrogations de la démocratie moderne.
Voir le numéro de la revue «Vingtième siècle, 116, 01/10/2012»
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