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Religions, une affaire publique ?
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Chez les catholiques, il fut un temps où, pour ne pas être taxé de prosélytisme, l'on enseignait à vivre "en chrétien", sans pour autant s'en réclamer. Un témoignage dont la discrétion devait faire la force. Aujourd'hui, l'heure est davantage à l'affirmation visible de son identité. Les musulmans, eux aussi, revendiquent le droit à vivre selon leurs traditions. Dans une société "liquide", où l'individu a le choix infini de ses repères, de ses affiliations, les religions proposent une réponse éthique, une appartenance d'autant plus utile que les liens entre les êtres sont fragiles. Dans une Europe sécularisée, les pratiquants, devenus minoritaires, éprouvent un besoin accru d'affirmer l'enracinement de leurs paroles, de leurs gestes. La laïcité comme principe n'est pas contestée. Il est loin le temps où l'Eglise prétendait soumettre l'Etat à ses valeurs. Les associations confessionnelles assument désormais tranquillement leur identité et leur originalité, le plus souvent en bonne entente avec l'Etat (cf J.-M. Boisselier et P. Balmand). Pourtant, dans un monde laïc, la visibilité accrue des religions ne va pas de soi. En attestent le licenciement de la salariée de la crèche Baby-loup qui portait le foulard islamique (licenciement dont la validation par la Cour de cassation a suscité un tollé chez les magistrats), le débat autour des crucifix dans les écoles en Italie (cf G. Costa), ou la controverse suscitée, en France, par la mobilisation de nombreux catholiques contre le mariage pour tous.
Voir le numéro de la revue «Projet, 342, 01/10/2014»
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