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Livre
Le Scarabée dans la fourmilière / Arcadi et Boris Strougatski
Edité par Edito-Service. Genève ; [diffusion Guilde du disque]. [Evreux] - 1984
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un drôle de scarabée
Les frères Strougatski sont des écrivains de science-fiction qui eurent leur gloire en Union Soviétique. Après avoir été méfiantes vis-à-vis d’une littérature facilement distante de l’idéologie marxiste, les autorités finirent par la tolérer, estimant sans doute qu’il était possible de laisser un peu d’air à une population friande du merveilleux et de l’inexplicable que lui refusait le matérialisme officiel. L’appétence des Soviétiques pour toutes les formes d’ésotérisme explique sans doute les innombrables théories du complot qui ont fleuri en Russie après la chute du communisme. Mais je m’égare un peu. Venons-en à notre scarabée dans sa fourmilière.J’ai abordé ce livre en parfait ignare de la science-fiction. La lecture de la trilogie de Liu Cixin, « Le Problème à trois corps », m’avait cependant appris qu’on trouvait de vrais chefs d’œuvre dans ce genre que l’on méprise souvent comme mineur. Mais disons-le franchement : le scarabée des Strougatski ne m’a pas enthousiasmé. Tout commence comme une enquête policière. Maxime Kammener est convoqué par Sikorski, son chef du COMCONE, un organisme chargé se surveiller les événements extraordinaires pouvant se produire dans l’Univers. Ce chef, Sikorski, lui demande de retrouver un certain Lev Abalkine rentré clandestinement de la planète Sarakche. Il ne devra rendre compte de sa mission qu’à lui, son supérieur direct. Avec les gens qu’il rencontrera, il devra utiliser une couverture. Les seuls éléments dont Maxime dispose sont les noms de quelques personnes ayant connu Abalkine. Tout doit être fini en cinq jours. L’enquête se déroule dans un univers où les Terriens développent des relations que l’on pourrait qualifier de pédagogiques – ou de prosélytisme - auprès de civilisations extra-terrestres. Pour cela ils disposent d’un corps de fonctionnaires, les Progresseurs, dont la fonction est d’élever le niveau culturel et scientifiques des planètes moins développées. Peut-être faudrait-il voir là une allusion aux justifications que se donnaient les colonisateurs européens. Au fil des pages, nous apprendrons qu’Abalkine, un ancien progresseur, a pour ami un certain Tchekn. Celui-ci fait partie des céphalards qui, comme chacun sait, sont des êtres au physique de chien, mais doués de raison. Abalkine semble développé une réelle amitié pour ce curieux partenaire, « un chien de belle taille, aux grands yeux ronds, parlant sans le moindre accent d’une voix un peu rauque » et qui s’amuse à manger des rats ou des grenouilles tout en discutant de philosophie avec son ami.Autre personnage un peu moins pittoresque du livre : un savant, Bromberg qui estime que rien ne doit entraver la diffusion du savoir scientifique. Il considère que le COMCONE est « une force du mal et de la nuit » car il prône la prudence dans la propagation des connaissances. C’est donc on le comprend, l’ennemi intime de Sikorski. Le lecteur ne sera pas très étonné d’apprendre bientôt son décès dans des circonstances un peu suspectes.Au risque de vous divulgâcher un peu le livre – mais je ne suis pas sûr que certains qui me suivent auront envie de le lire –, Abalkine en réalité serait né d’une intervention d’extraterrestres, les Pélerins, qui auraient créé une sorte de pouponnière en mettant des embryons d’humains de l’époque en état de conservation tout en les associant chacun à un détonateur qui permettraient de mettre fin à l’expérience le cas échéant. On ne saura du reste jamais très bien ce que nous veulent les Pélerins.Tout cela est un peu, et même beaucoup, tiré par les cheveux. C’est compliqué à l’extrême, les distances avec notre univers étant trop grandes pour qu’on puisse adhérer vraiment à cet exercice alambiqué. La bonne science-fiction, à mon sens, doit proposer des événements qui transcendent notre monde sans rompre totalement avec les données scientifiques courantes. A ce titre, les frères Strougatski ne m’ont pas véritablement convaincu.
Yvon - Le 09 octobre 2024 à 11:06