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"saint de nouvelle fabrique" (Un) : Le diacre Paris (1690-1727), le jansénisme et la bonneterie parisienne / Nicolas Lyon-Caen
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Le religieux est étroitement inséré dans des conflits du travail qu'il contribue à modifier. La porosité des univers du travail et de la croyance fait que son expression ne diffère pas toujours du langage des corporations. C'est ce que met en évidence la construction du patrimoine hagiographique (récits et miracles) du diacre Paris, personnalité centrale du jansénisme du XVIIIe siècle, à l'aune de son engagement dans l'artisanat du bas. Son geste, pénitentiel, est interprété diversement après sa mort par les acteurs de la bonneterie, secteur alors en plein bouleversement : le corps des marchands bonnetiers absorbe en effet deux corporations d'artisans moins bien considérées. Le charisme du diacre donne lieu à plusieurs formes d'intervention. Compris par les plus humbles comme un saint ouvrier quand les élites travaillent à sortir de ses biographies imprimées cet épisode de travail manuel, Paris exerce un attrait particulier sur les marchands issus directement de l'artisanat : sa sainteté leur permet de proposer dans un langage corporel une version "consensuelle" de la réunion des métiers.
Voir le numéro de la revue «Annales, 65-3, 01/05/2010»
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