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Epuration de la police parisienne sous la Restauration / Vincent Denis
Article
Entre 1814 et 1816, la police parisienne connaît une des plus fortes épurations de son histoire. Les pétitions se multiplient, émanant de policiers révoqués demandant leur réintégration ou de particuliers désireux d'obtenir leur poste. L'étude des argumentaires et des formes matérielles de ces documents négligés révèle les conceptions que les individus se font de leur rapport au métier de policier, a l'Etat ainsi qu'a l'histoire politique récente. Selon que les pétitions émanent de policiers révoqués, d'individus cherchant à entrer dans la police ou d'ex-policiers révoqués par les régimes précédents, elles mobilisent des répertoires très différents et parfois opposés. Les arbitrages des autorités politiques et administratives révèlent un conflit latent entre l'identité professionnelle revendiquée par les policiers napoléoniens, fondée sur l'implantation locale, le soutien des populations, l'intégrité et le respect de la loi, et les exigences de rétribution et les affiliations politiques de ceux qui cherchent à entrer dans la police après la chute de l'Empire. Le traitement bureaucratique des dossiers montrent également comment dans le contexte troublé post-révolutionnaire les administrations inventent de nouveaux modes de classement et de gestion des individus, fondés sur l'enregistrement et l'examen des trajectoires biographiques.
Voir le numéro de la revue «Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1, 01/01/2012»
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