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Décision politique et articulation bureaucratique : les déportés lituaniens de l'opération Printemps (1948) / Alain Blum
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Cet article s'intéresse aux mécanismes à l'oeuvre lors des déportations staliniennes qui touchèrent les régions occidentales de l'URSS, annexées une première fois à l'issue du pacte germano-soviétique d'août 1939, puis à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Il porte tout particulièrement sur les enchaînements de nature bureaucratique, impliquant diverses administrations qu'elles soient répressives, politiques ou gestionnaires. Cette articulation bureaucratique, enchaînement d'opérations de traitements de dossiers, d'ordres divers, suivant une logique répétitive et mécanique, combinée avec une organisation ponctuelle de nature quasi-militaire pour mettre en oeuvre les déplacements, une fois que la machine bureaucratique a tout organisé sur le papier, produit le caractère massif d'opérations de répressions. Ces processus sont ici examinés en ce qu'ils permettent une action de masse mais aussi pour les conséquences qu'ils induisent en termes de mise en relation de l'individuel et du collectif. Ils sont étudiés à partir de l'exemple d'une des grandes opérations menées en Lituanie, dénommée opération Printemps , qui commence à être préparée à partir de la mi-février 1948 pour être menée, en deux jours, à la mi-mai de la même année. 12 000 familles (environ 40 000 personnes) sont alors déportées en Sibérie. Les sources qui fondent cette étude sont diverses, sources d'archives, extrêmement précises et riches, qui permettent de comprendre l'ensemble des mécanismes, auxquelles sont combinées des sources orales, recueil de témoignages de personnes ayant vécu ces déportations, collectés dans le cadre d'un large projet collectif portant sur l'ensemble des déportations staliniennes effectuées en Europe centrale et orientale et dans les territoires occidentaux de l'URSS, entre 1939 et 1953.
Voir le numéro de la revue «Revue d'histoire moderne et contemporaine, 4, 01/10/2015»
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