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La Culture générale : histoire d'une désillusion française / Charles Coustille
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La récente réforme du baccalauréat, doté désormais d'un "socle commun" et d'un "grand oral", a provoqué la réapparition d'une notion désuète mais dont il semble difficile de se passer : la culture générale. Pour le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, "il faut de la culture générale pour diminuer les inégalités" ; au contraire, le collectif "Sauver les lettres" la range à côté de l'"aisance rhétorique", de la "maîtrise des codes sociaux" et y voit avant tout un instrument de discrimination sociale. Dans "Causeur", Catherine Rouvier craint que ce retour ne favorise une "uniformisation" des consciences menant à la "pensée unique" ; et, toujours au sujet de la réforme, le sociologue Stéphane Beaud affirme que la suppression de la filière ES est préjudiciable "en termes de culture générale". Lorsque Nicolas Sarkozy ironisait sur l'opportunité d'interroger les futurs fonctionnaires au sujet de La Princesse de Clèves et au moment de la suppression de l'emblématique dissertation au concours de Sciences-Po, la notion se trouvait déjà au coeur de polémiques. Les débats oscillent chaque fois entre prescription sur les possibles réformes des épreuves et dénonciation d'une "crise de la culture générale", sans que l'on puisse aisément repérer des prises de position liées à la couleur politique et, surtout, sans que personne ne s'accorde véritablement sur le sens donné à l'expression.
Voir le numéro de la revue «Le Débat, 200, 01/05/2018»
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