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Avoir une langue maternelle sans avoir de mère / Diane Ducret
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"D'où venez-vous ? Il me semble que vous êtes étrangère..." Voilà ce que j'entends bien souvent, dès lors que j'ouvre la bouche. Je n'y peux rien, j'ai un accent. Impossible à identifier, il est toujours présent, ne ressemble à aucun autre et fait roucouler chacune de mes interventions. Pas un amoureux qui ne manque de me poser la question en me complimentant : "Vous parlez drôlement bien notre langue." Trente-cinq ans sur la terre de Molière et on me pense souvent étrangère. La déception est lisible sur leur visage lorsque je leur annonce que je suis française. Adieu l'exotisme que mes voyelles présageaient, "leur" langue est aussi "ma" langue.
Voir le numéro de la revue «Revue des deux mondes, 3794, 01/06/2018»
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