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Expériences naturelles et causalité en histoire économique. Quels rapports à la théorie et à la temporalité ? / Eric Monnet
Article
Un courant récent et influent, porté principalement par des économistes, propose de renouveler l'analyse historique à partir des notions d'expérience naturelle et de causalité. Il a la double ambition d'unifier diverses disciplines autour d'une acception commune de la causalité afin de réinterroger des grandes questions historiques (comme le rôle de la colonisation, des régimes politiques ou de la religion dans le développement économique) et de rendre l'analyse de l'histoire plus scientifique. La définition de la causalité qu'il promeut - de type interventionniste - vise à traiter les événements historiques comme un protocole d'expérience de laboratoire. Celle-ci s'articule avec une perspective néo-institutionnaliste visant à mesurer les effets dans la longue durée de certains changements institutionnels passés, considérés comme exogènes. Dans un premier temps, cet article présente les ambitions, les apports, les méthodes et les hypothèses (implicites et explicites) de ce courant de recherche, avant de montrer comment il se différencie de l'histoire économique quantitative plus traditionnelle, et de le resituer dans le contexte des récents tournants empirique et néo-institutionnaliste de la discipline économique. Dans un second temps, cet article fait état des critiques - souvent virulentes - formulées par des historiens ou des économistes à l'encontre de cette méthode et de ses objectifs. Enfin, nous insistons sur les difficultés de cette approche à prendre en compte l'historicité des phénomènes, à produire des énoncés généraux à partir de cas particuliers, et à proposer une définition complète et cohérente de la causalité en histoire.
Voir le numéro de la revue «Annales, 72-4, 01/10/2017»
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