0 avis
Sauver des vies. Entretien avec Francis Vallat / Isabelle Dillmann
Article
Ce n'est sans doute pas un " hasard " si, à la fin de ses études de lettres, Francis Vallat a écrit un mémoire sur " le sens du sacrifice chez Claudel et Montherlant ". Voilà un homme solide et vulnérable que l'on pourrait qualifier de " véritable ", devenu, après une carrière brillante dans le monde maritime, le président de SOS Méditerranée, l'une des ONG les plus attaquées car paradoxalement destinée à sauver des vies en Méditerranée centrale... Qui n'a jamais lancé un SOS ne sait pas ce que signifie " Save Our Soul ". Car c'est bien à cette injonction vitale " Sauver notre âme " qu'une conscience agissante comme la sienne répond sans dérobade, ni délibération. Notre Méditerranée n'est plus cette immensité bleutée et lumineuse porteuse d'espoir qui faisait dire aux voyageurs et aux Phéniciens: " Traverser l'eau, c'est déjà savoir " mais une mer de fracture et de deuil où, depuis 2014, plus de 17000 êtres humains ont coulé à pic au fond des eaux noires de l'indifférence, là où se diluent nos mémoires aquatiques. Tout au long de sa vie, le Nouveau Testament aura servi de Guide du routard à cet Ultramarin : " Lequel d'entre eux a été le prochain de cet homme qui avait tant souffert? " (Luc 10,36). Question dérangeante s'il en est, qui ne laisse personne indemne.
Voir le numéro de la revue «Etudes, 4260, 01/05/2019»
Autres articles du numéro «Etudes»