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Mary Travers : Madame Bolduc
37 pages. Temps de lecture estimé 28min.
La biographie d’une femme attachante, la première chanteuse populaire du Québec
Mary Travers, Madame Bolduc, est née le 4 juin 1894 dans le petit village de pêcheurs de Newport, en Gaspésie. Elle démontre très vite un goût prononcé pour la musique. À treize ans, elle part pour Montréal, engagée comme domestique. Grâce à ses talents de musicienne, elle rencontrera Édouard Bolduc qui deviendra son mari et le père de ses quatre enfants.
La récession causée par la Grande Dépression de 1929, mais surtout l’accident de son époux, obligent Mary à endosser le rôle de soutien de famille. La musique devient ainsi son gagne-pain. Excellant dans l’art de la turlute et de la chanson, Mary compose et enregistre des disques à un rythme effréné en s’inspirant
des actualités.
Première auteure-compositrice-interprète québécoise du début du XXe siècle, Madame Bolduc demeure une figure féminine emblématique de son époque. Encore aujourd’hui, pas moins de cent de ses chansons survivent et font la joie des amateurs de musique folklorique.« Un soir, dans les coulisses, elle se mit à fredonner une des chansons qu’elle avait composées dans le secret de sa cuisine, alors qu’elle tournait une cuillère de bois dans une soupe aux légumes.
— Y’a longtemps que je couche par terre… J’vas coucher dans mon lit ce souerre.
— C’est quoi cette chanson-là ? l’interrogea alors Alfred Montmarquette, son pianiste.
— Une chansonnette que j’ai écrite en souvenir de mon travail aux camps de bûcherons.
— Je ne savais pas que tu écrivais des chansons, dit-il, surpris.
— C’est juste un passe-temps.
— Pourquoi tu ne la chantes pas ce soir ?
— Es-tu fou ? Ce n’est pas assez bon !
— Tu es trop modeste, Je suis certain que les gens vont aimer ça.
— Tu ne l’as même pas entendue au complet.
— On n’a pas le temps. Allez on entre en scène dans dix secondes !
Mary eut à peine le temps de ramasser son violon, sa guimbarde* et son harmonica avant d’entrer en scène. Ce soir, elle le savait, ce serait en débutant avec son vieil harmonica, ce précieux compagnon de son enfance, qu’elle s’aventurerait à présenter son petit air folklorique, inspiré des nuits passées dans le camp de bûcherons, sur des paillasses de fortune éparpillées par terre.»