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Avis des lecteurs

• Mantra 5/5

  Mantra de Rodrigo Fresán Mantra est un livre sur Mexico District Fédéral, sur cette ville tentaculaire en expansion exponentielle que Fresán aborde par le biais d’un garçon qui arrive en cm2 à l’école Gervasio Vicario Cabrera, Martin Mantra. Il avait été présenté pendant une récréation et semblait avoir un statut particulier si bien que lorsqu’il disparut un jour les rumeurs circulèrent, il avait fugué pour une secte religieuse, en fait c’était un nain échappé d’un cirque, il était mort lors d’une émeute ou il n’avait été finalement qu’une hallucination collective. Ce qui était certain c’est qu’il avait un pistolet sur lui. Il trouvait que Mexico était la ville la plus X qui soit juste après le mot Sexe. Le fait que Mexico désigne à la fois la ville et le pays le perturbait d’autant que c’étaient également « des villes de la planète Krypton et des quartiers périphériques de Gotham City ». Bienvenue dans l’univers des super-héros Superman, Batman, Wonder Woman… Plongée dans le monde des bandes dessinées, des réclames et des feuilletons style »la quatrième dimension »regardés avec Mantra qui n’avait jamais compris pourquoi Godzilla avait quitté Mexico pour vivre au Japon. On entre dès lors dans les références de la culture pop qui s’égare au Mexique dans des considérations délirantes. S’ensuivent de longues listes cinématographiques plus ou moins en noir et blanc, c’était l’époque à la télévision et cerise sur le gâteau, projection par Mantra d’un film réalisé par lui même intitulé « anniversaire de Mantra pour ses neuf ans ». On s’éloigne certes de Mexico mais on y revient magistralement après le premier quart du livre par le truchement d’un lexique qui reprend certains éléments de la ville comme son aéroport Benito Juarez, où le dieu Huitzilopochtli. Une lecture à la fois drôle et envoûtante mais qui fatigue tant les citations et références érudites sont nombreuses en cinéma, musique et littérature. Les lecteurs qui auront connu les années 1970/2000 trouveront dans ce récit matière à souvenirs. Un livre impressionnant à bien des égards mais une telle richesse et une telle maestria pourront lasser certains lecteurs. Magnifique voyage au cœur de Mexico, Fresán convoque Diego Rivera et ses fresques monumentales, Dick, Lowry, Cortazar, Tolkien, Burroughs entre autres, pour une exploration bien particulière de la place Zocalo, des ruines de Tenochtitlán, du fabuleux musée d’anthropologie, des soirées de catch aux ambiances bouillantes, la vierge de la Guadalupe, Frida Kahlo évidemment, Eisenstein et son texte sur la fête des morts au Mexique, sans oublier l’inoubliable Léon Trotski. Une formule parmi tant d’autres, « Au Mexique, le temps s’écoule différemment, il ne passe pas, n’est nous qui passons. Le temps varie selon les gens qui le perdent, ceux qui en profitent ou l’emploient de diverses manières ». Si vous avez eu le chance de visiter et d’aimer Mexico et que le délire de l’écriture ne vous rebute pas, lancez vous dans ce livre unique en son genre.

  M. LAVEZE Gérard - Le 30 mars 2025 à 07:21