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Histoire à rebrousse-poil. Le contrepoint baroque de l'écrire dans le Nouveau Roman (Une) / Johan Faerber
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Après la Seconde Guerre mondiale et ses désastres émerge au détour des années 1950 une voix qui entend résister à tous les effondrements : le Nouveau Roman . Contrepoint ardent et sans partage aux fables merveilleuses et néo-balzaciennes d'alors, le récit néo-romanesque s'affirme comme la contre-voix narrative et herméneutique à sa propre époque. Le monde n'est plus une évidence et doit être redit depuis ses ruines, comme un contrepoint à toute narration et à toute histoire. Ecrire à rebrousse-poil comme le souhaitait Walter Benjamin, telle serait l'histoire secrète et discrète qui viendrait à se dire dans la prose néo-romanesque l'entraînant dans une histoire hors de l'histoire, où le Baroque donnerait de sa pleine voix et où sa folie conquérante viendrait à emporter le récit hors de tous les contresens de l'époque d'alors. Reprise de la reprise contre toute répétition, le contrepoint du Nouveau Roman invente un récit à la mesure d'un désastre qui ne laisse pas la parole indemne. L'écriture n'est plus qu'un mythe. Elle s'est effondrée sur elle-même. Depuis sa fureur à voir, l'Image néo-romanesque s'offre alors comme le contrepoint absolu et la lumière achronique et éthique de ce qui sera la mesure de leurs jours et de leur espoir.
Voir le numéro de la revue «Littérature, 180, 01/12/2015»
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