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"We are not Charlie". Stratégies et paradoxes de la gauche décoloniale / Blair Taylor
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Le meurtre, par des islamistes armés, des journalistes satiriques de "Charlie Hebdo", à Paris, est devenu une pomme de discorde au sein de la gauche contemporaine. D'un côté, des libéraux, des athées et un certain nombre de représentants de la gauche "classique" dénoncèrent sévèrement l'attentat et l'Islam politique, défendant la liberté d'expression et manifestant leur solidarité en affirmant : "Je suis Charlie". De l'autre, la gauche postcoloniale et anti-impérialiste profita de l'occasion pour dénoncer non pas l'attentat mais le magazine lui-même, présenté comme une publication raciste et " islamophobe ", sans tenir compte des origines gauchistes et antiracistes de la revue. Refusant d'apporter à la liberté d'expression et aux journalistes assassinés un soutien suspecté de complicité avec l'"islamophobie" et la défense de l'ordre immuable des choses, ils déplacèrent l'attention sur le "racisme d'Etat" et sur l'impérialisme occidental, pointés comme les vrais coupables. Les attentats ultérieurs, à Paris et ailleurs, ont suscité les mêmes réactions, selon un modèle désormais assez prévisible.
Voir le numéro de la revue «Les Temps modernes, 700, 01/10/2018»
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