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"France" de Bruno Dumont. L'image qui pleure / Yal Sadat
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Comme souvent avec Bruno Dumont, le malentendu tient à un cheveu, à une syllabe. "France" n'étant pas titré "La France", il faut résister à la tentation d'entendre ici l'invocation d'un territoire délimité - façon "Flandres" ou "Twentynine Palms" - ou la promesse ronflante de cristalliser l'âme d'une nation. Mieux vaut distinguer le faux-nez du film, moins occupé par la France que par une certaine France, flamboyante mais minuscule, et perdue dans l'immensité d'un mirage : celle qui s'incarne sous les atours de l'héroïne, France de Meurs. Journaliste, coqueluche cathodique, France est surtout l'égérie d'un peuple suspendu tout entier à l'écoulement torrentiel de l'info en continu, puisqu'elle travaille pour une chaîne fictive située quelque part entre BFM et CNews sur la carte du néant.
Voir le numéro de la revue «Cahiers du cinéma, 779, 01/09/2021»
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