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La Dette française a-t-elle atteint une "cote d'alerte" ? / Arnaud Gonzague
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Fini l'argent facile ! En décidant de ne plus racheter sur les marchés financiers des emprunts émis par les pays pour boucler leurs fins de mois, la Banque centrale européenne (BCE) amis la pression sur les gouvernements. Les taux d'intérêt que les Etats doivent acquitter pour se voir prêter de l'argent ne dépendent donc plus que de l'appétit des seuls investisseurs privés (fonds, assureurs, etc.). Résultat, ces mêmes taux d'intérêt - longtemps négatifs - subissent une flambée. Et ce d'autant que la forte hausse de l'inflation pousse les banques centrales à augmenter les taux d'intérêt qu'elles appliquent aux banques commerciales, ce qui se répercute sur tout le crédit. L'emprunt d'Etat à 10 ans - qui sert de référence - est ainsi passé de 1,3 % en janvier à 2,3 % au début de l'été. Or, selon la Banque de France, chaque point de taux d'intérêt supplémentaire creuse, à moyen terme, de 40 milliards d'euros la charge de notre dette -soit l'équivalent du budget de la Défense. Cette situation a poussé le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, à prévenir que "la cote d'alerte sur les finances publiques" était atteinte. Et cela peu après que la dette tricolore a dépassé les 100 % du PIB (114,5 % précisément). Soit 2 900 milliards d'euros. La pandémie a certes mis la rigueur budgétaire entre parenthèses. Mais, sur les 600 milliards d'euros de dette créés ces cinq dernières années, "seuls" 170 à 240 milliards (selon les estimations) sont imputables à la crise sanitaire. Le reste relève d'un choix politique - d'ailleurs défendable si l'on estime, comme la députée Aurélie Trouvé, que l'"obsession" pour la dette relève d'une orthodoxie libérale. Bercy promet en tout cas de ramener la dette à 111,9 % du PIB à la fin de l'année. Le fera-t-il ?
Voir le numéro de la revue «l' Obs, 3014, 14/07/2022»
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