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Hommes de mauvaise réputation. Usuriers, débiteurs et créanciers en procès (Pistoia, 1287-1301) / Arnaud Fossier
Article
à partir de l'étude d'une douzaine de procès conservés dans les registres de l'évêque de Pistoia à la fin du XIIIe siècle, cet article propose d'interroger la frontière entre deux phénomènes majeurs de l'économie prémoderne : le crédit et l'usure. Ce ne sont pas tant les modalités pratiques du prêt d'argent qui différenciaient l'une de l'autre - même si le taux d'intérêt jouait un rôle dans la définition judiciaire de l'usure - que la diffamation de l'usurier. La "fama", entendue comme l'opinion collective recueillie par le juge, visait en effet à établir la réputation d'" usurier public " de l'accusé, et il n'est d'ailleurs pas impossible que ces procès se soient inscrits dans des jeux de factions locaux. Mais, il faut bien reconnaître que la majorité visaient d'abord à obtenir la restitution des sommes extorquées par les usuriers. Quant à l'Église, on peut se demander si, plutôt que de condamner de façon claire et univoque l'usure (freinant ainsi supposément l'avènement du capitalisme), elle n'a pas tenté d'instituer le marché en discriminant les honnêtes banquiers des mauvais prêteurs et en tâchant de maintenir son contrôle sur l'espace public face à l'emprise grandissante des pouvoirs communaux.
Voir le numéro de la revue «Annales, 77-4, 01/10/2022»
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