BMVR préprod

Avis des lecteurs

• LA BRECHE - Vladimir MAKANINE 4/5

  Moscou est plongée dans une nuit constante et progressive ; plus rien ne fonctionne, des foules erratiques et dangereuses se déplacent, tandis que les intellectuels se terrent dans un monde souterrain où l'oxygène est raréfié et les néons aveuglants. Etrange récit dans une ambiance inquiétante pour ne pas dire mortifère ; un monde de confusion où les valeurs n'ont plus cours et dans lequel l'humain y est ravalé au rang quasi animal, celui de ver dont la reptation dans un goulet lui permet de gagner le monde souterrain des intellectuels. Dystopie ? Science fiction ? Métaphore ? A mon avis plutôt un essai sur les errances de l'être humain qu'il s'agisse de l'homme russe ou de l'être humain en général : son ambivalence, sa difficulté de communication, sa vie qui confine parfois à l'absurde, guidée uniquement par l'Instinct de survie, qui le renvoie à son animalité. Un homme coupé en deux, tout comme la société (la foule et les élites) et l'espace (sur terre et sous terre). Texte difficile à commenter tout comme à appréhender tant il peut être interprété différemment selon la lecture que l'on en fait. Un élément m'a malgré tout interpellée dans cet univers des plus chaotiques c'est le respect d'un rite mortuaire lorsque la mort survient. Il reste malgré tout à cet humain déshumanisé la survivance du respect dû au mort dans ce semblant de sépulture. Si la pensée de V. MAKANINE est complexe, il faut saluer la traduction de Ch. Zeytounian Belous qui a su en restituer l'univers chaotique mais dans lequel l'homme cherche malgré tout à maintenir des traces de son humanité. Pour combien de temps ? . Vladimir MAKANINE est né en 1937 et mort en 2017. Il a été lauréat du prix Booker russe en 1993 et du prix européen de la littérature en 2012.

  Christiane - Le 25 avril 2024 à 10:58

• La brèche 4/5

  La brèche de Vladimir Makanine Klioutcharev a besoin d’une pelle, alors il passe par la brèche se faufile comme il peut, se blesse dans l’étroit corridor, perd quelques boutons et se retrouve sous terre. On l’interroge sur ce qui se passe »là haut ». « Comme avant »est sa réponse. L’entrepôt est là, gardé par une femme, elle veut qu’on lui fasse la cour et lui il a besoin de sa pelle, d’une pioche aussi, alors…Il remonte péniblement, les outils le gênent, l’air libre et les immeubles Kroutchéviens. Il rejoint son appartement et étudie son projet de caverne, dès le soir il commence à creuser, ça ressemble à un terrier. Il est tranquille, il y a peu de monde en surface, il doit être le dernier intellectuel qui n’ait pas rejoint les autres derrière la brèche. Il est marié, un fils anormal qui parle à peine, il est énorme. Plus rien ne fonctionne dans la ville, le téléphone de temps en temps, plus d’essence, les bus un peu et la nuit c’est le royaume des voleurs et des bandes. Un monde sans issue dans lequel la communication se fait par une brèche qui s’agrandit ou se rétracte au gré du temps, une sorte de roman post apocalyptique dans sa conception mais qui malheureusement est le reflet de la réalité vécue par les hommes. Glaçant. Makanine est né en 1937 en Russie, décédé en 2017, il a reçu le prix Booker en 1993.

  M. LAVEZE Gérard - Le 04 avril 2024 à 08:21