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Stratégies économiques et luttes sociales : le déclin de la papeterie auvergnate (XVIIIe- milieu du XIXe siècle) / Jean-Michel Minovez
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La fin du XVIIe siècle et le XVIIIe siècle sont émaillés de vives agitations et d'émeutes des ouvriers des moulins à papier, en particulier en basse Auvergne, à Thiers et à Ambert. Fortement organisés face à des maîtres qui ne le sont pas, ces ouvriers tentent d'imposer leurs propres règles. Ces pratiques corporatives demeurent dans la France de la première moitié du XIXe siècle, avant l'émergence d'une nouvelle identité ouvrière. La retranscription inédite de règles ouvrières appelées par les papetiers loi du métier , comme celle de l'arrondissement de Thiers sous l'Empire, montre la persistance d'un corporatisme ancien soucieux de préserver ses privilèges, faits de situations acquises et d'avantages particuliers. La loi ne se borne pas à tenter de limiter le pouvoir des entrepreneurs, elle a aussi un but de protection face aux ouvriers voisins, vécus comme des concurrents. La législation, bien que réprimant en partie ces agissements, ne parvient pas à endiguer le phénomène. A l'initiative d'un maître : Pierre Serve, les patrons tentent alors de s'organiser pour proposer une réponse commune. L'étude des pratiques ouvrières et de la correspondance des maîtres papetiers du Puy-de-Dôme entre eux et avec le ministre des Manufactures et du Commerce permet de mettre en évidence la continuité d'un compagnonnage face auquel tente de se développer un embryon d'organisation patronale, tolérée de fait par l'Etat. Parallèlement, une législation répressive du travail est mise en place, préfigurant la criminalisation de toute activité ouvrière à dimension collective. Si la répression joue un rôle dans la perte de vigueur de l'action ouvrière, cette dernière doit être replacée dans un contexte de déclin de l'activité papetière, qui modifie les rapports techniques et sociaux de la fabrication et provoque la destruction des anciennes formes de solidarité ouvrière.
Voir le numéro de la revue «Revue d'histoire moderne et contemporaine, 3, 01/07/2011»
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