0 avis
Phénoménologie de l'humour : Qui rit en dernier est le plus lent d'esprit / Matthew M. Hurley
Article
Dans cet article, nous dressons un inventaire des phénomènes qu'une théorie de l'humour devrait expliquer. La première partie fait valoir que l'humour est une propriété qui s'attache à certains événements mentaux, plutôt qu'à certains objets du monde (les blagues, par exemple). Nous signalons l'une des conséquences de ce fait : les blagues, prises isolément, ne sont pas un phénomène universel. Nous suggérons également que, même s'il se peut que certaines formes de rire soient déclenchées par des situations qui n'ont rien d'humoristique, il existe un lien spécial entre le rire dit "de Duchenne" et un certain type de stimulation cognitive propre à le déclencher. Nous poursuivons en montrant que le sentiment d'allégresse associé au rire (sentiment qui constitue pour nous un aspect crucial du rire) est un phénomène psychologique qui se prête à une approche "hétérophénoménologique". L'hétérophénoménologie est une phénoménologie qui envisage les états subjectifs en tant que données à expliquer, mais pas nécessairement en tant qu'interprétations valides des phénomènes psychologiques qui les sous-tendent. Selon nous, ce sentiment d'allégresse lié à l'humour est étroitement lié à un autre sentiment : le sentiment du cocasse qui nous saisit face à des phénomènes incongrus. Les liens qui unissent ces deux émotions sont riches d'enseignements pour toute théorie de l'humour. La dernière partie passe en revue, en plus des divers cahiers des charges dressés par des théories de l'humour antérieures, quelques découvertes issues de ces travaux et de certains autres.
Voir le numéro de la revue «Terrain, 61, 01/09/2013»
Autres articles du numéro «Terrain»