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La Trace à l'oeuvre dans les premiers romans d'Edouard Glissant / Françoise Simasotchi-Bronès
Article
Son attention pour l'histoire lacunaire des Antilles oblitérée par l'ordre colonial a conduit E. Glissant à tenter de mener un travail de déchiffrage/défrichage des traces repérables du passé dans l'inconscient et l'imaginaire collectifs comme dans l'espace antillais. Partant de ces traces-signes, dont il fait recension dès ses premiers romans, Glissant passe à la "pensée de la trace", selon lui, elle a permis aux Africains mis en esclavage dans les Amériques, migrants nus, de participer activement à la recomposition d'une culture valable pour tous. La trace apparaît comme un des schémas premiers de sa poétique, un opérateur réflexif et théorique sur lequel s'emboîteront quelques-unes des notions-clés de sa pensée à la fois poétique et philosophique : créolisation, opacité, Tout-monde, pensée du tremblement etc., qui innervent l'ensemble de son oeuvre. La trace, pensée, n'est plus attachée à la perte et à l'effacement mais est rendue à sa dimension projective. La pensée de la trace s'inscrit alors dans une stratégie du détour car elle allie dans leur dépassement, perte et recomposition, passé/présent/à venir, fragilité/résistance et fugacité/durée.
Voir le numéro de la revue «Littérature, 174, 01/06/2014»
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