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Milices bourgeoises et garde soldée à Genève au XVIIIe siècle. Le républicanisme classique à l'épreuve du maintien de l'ordre / Marco Cicchini
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Façonnée dès le XVIIIe siècle et constamment reprise par l'historiographie, la figure du citoyen-soldat comme emblème du républicanisme genevois mérite d'être revue au plus près des sources de la pratique. Un réexamen de la question impose non seulement de s'intéresser, autant que possible, à l'organisation interne des compagnies bourgeoises, mais aussi de positionner leur statut et leurs fonctions en regard du rôle croissant que joue la garde soldée. Financée par des impôts indirects puis par capitation, composée de soldats pour la plupart étrangers, la garnison effectue les gardes nocturnes à la place des citadins avant de s'ériger en force de police armée au début du XVIIIe siècle. La recomposition des pouvoirs militaires dans la cité traduit avant tout une mutation des pratiques quotidiennes du maintien de l'ordre. Elle exprime une reconfiguration de la régulation sociale, commune à d'autres villes, où les formes de contrôles communautaires sestompent. Une telle perspective ninvalide pas pour autant la singularité du cas genevois en tant que cité-Etat républicaine. Dans un premier temps, le renforcement de la garnison, bras armé du gouvernement, se réalise au détriment de la subordination des forces armées à la souveraineté populaire. Entre luttes politiques intenses, débats acharnés et attentes plurielles en matière de sécurité, le pouvoir militaire est progressivement soumis à un cadre légal légitimant l'usage de la force physique. Le consentement à l'impôt militaire, la ratification de lois sur le statut de la garnison et ses fonctions sont alors des leviers de contrôle populaire qui instaurent une force publique dissociée du service militaire personnel.
Voir le numéro de la revue «Revue d'histoire moderne et contemporaine, 2, 01/04/2014»
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