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L' Anthropocène et le temps des historiens / Grégory Quenet
Article
La notion d'Anthropocène a surgi si rapidement sur la scène politique et académique qu'il est parfois difficile de s'orienter parmi la masse des publications et des événements, et de situer les différents arguments. Cet article propose de prendre du recul en s'interrogeant sur ce que cette notion fait au temps des historiens. En l'absence d'une étude sociologique et intellectuelle qui cartographierait précisément les acteurs et les lieux, une approche généalogique permet de révéler un certain nombre de déplacements conceptuels depuis la proposition initiale: le passage d'un temps géologique à un temps historique a, en effet, transformé la nature de l'événement Anthropocène. De plus, la réponse des sciences humaines et sociales a été critique, révélant la tension entre, d'un côté, le label et le forum, de l'autre, le cadre analytique appliqué à des études empiriques. En définitive, la notion de période appliquée à l'Anthropocène pose un certain nombre de difficultés (téléologie, retour d'un global occidentalo-centré, synchronisation de l'histoire...), alors que la pluralisation des seuils et des césures temporelles apparaît comme un enrichissement de l'écriture de l'histoire, engageant de nouveaux chantiers de recherche ouverts à la matérialité et aux acteurs non-humains.
Voir le numéro de la revue «Annales, 72-2, 01/04/2017»
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