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Le Privé dans la ville ou la tentation d'EsaLu / Bruno Depresle
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La ville, ce grand théâtre où coexistent et se mêlent " les scènes du pouvoir, de la richesse et de la création 1 ", ce " lieu de rencontre, de différence et d'interaction créative, lieu où le désordre a ses usages et ses visions, où les formes culturelles et les désirs individuels concurrents s'entrechoquent 2 ", est toujours à la croisée de projets ou de processus politiques institués ou " spontanés " et des exigences ou opportunités du développement économique. Ainsi, lieu d'accueil et d'organisation du marché où l'on écoule les excédents de la production agricole et où se négocient des marchandises de contrées lointaines, la ville médiévale naissante s'érigeant en commune est en outre le lieu d'affirmation des libertés face au pouvoir seigneurial ou ecclésiastique 3 et l'un des principaux fondements de l'Etat moderne 4. De même, au cours des deux derniers siècles, si la révolution industrielle a engendré une expansion et une transformation considérables du tissu urbain, celui-ci a conservé l'essentiel de ses caractéristiques originelles autour de cette dualité fondamentale : à la fois agora et champ de foire, lieu de pouvoir (et de lutte pour le pouvoir) et lieu de commerce, propice au brassage d'affaires aussi bien que d'idées et de populations, imbrication de lieux publics et d'espaces privés.
Voir le numéro de la revue «Les Temps modernes, 698, 01/04/2018»
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