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Frontières / Astrid von Busekist
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"Le libéralisme est un monde de murs, et chaque mur crée une nouvelle liberté", écrit Michael Walzer, en ajoutant aussitôt : "Les libéraux tracent des lignes en les appelant murs, comme s'ils avaient la consistance de briques ou de pierres, mais ce ne sont que des lignes, unidimensionnelles, doctrinales, inconsistantes." M. Walzer a raison. Les murs, séparations ou frontières, que ce soit dans la doctrine ou dans les espaces géographiques, qu'ils soient sociaux ou mentaux, ne sont jamais que des lignes. Pourtant, ces lignes ont une fonction, dans la mesure où elles ordonnent durablement notre vie commune. Même les sociétés les plus ouvertes multiplient les frontières : entre la gauche et la droite, le sacré et le profane, l'intérieur et l'extérieur. Même les esprits les plus ouverts ont besoin de distinguer, de séparer et de classer pour penser.
Voir le numéro de la revue «Esprit, 445, 01/06/2018»
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