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Les Racines de l'antisémitisme moderne / Nicolas Le Roux
Article
"Monsieur, le ghetto c'est les juifs ?" Telle est la question posée par une étudiante, sympathique et motivée, dans un cours d'histoire moderne à l'université Paris 13 (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis). Le ghetto n'a pas toujours été un nom commun utilisé pour évoquer des espaces de relégation sociale. Donc, oui, à l'origine le ghetto, c'est les juifs. Autre sujet d'étonnement pour certains, le caractère ultra minoritaire des juifs dans les sociétés européennes, y compris en France : 0,7 % de la population aujourd'hui, c'est-à-dire très loin des 10 à 40 % imaginés par les étudiants quand on les questionne sur le sujet. Autre difficulté, expliquer que, d'une part, le judaïsme est une religion, celle qui est pratiquée par les juifs (avec une minuscule), mais que, d'autre part, on parle de peuple juif, dont font partie les Juifs (avec une majuscule). Dans le cadre d'une unité d'enseignement intitulée " Tolérance et intolérance en Europe aux XVIe et XVIIe siècles ", Nicolas Le Roux initie des étudiants de troisième année de licence d'histoire à ces questions, et il évoque tout particulièrement le passage de l'antijudaïsme médiéval reposant sur la dénonciation de l'infidélité des juifs et sur la culpabilité religieuse qu'on leur faisait porter, à l'antisémitisme, c'est-à-dire à une haine de type racial à l'égard des Juifs considérés comme un peuple défini par des caractéristiques ethniques jugées immorales voire monstrueuses.
Voir le numéro de la revue «Historiens et géographes, 446, 01/05/2019»
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