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Repenser l'Etat moderne / Joël Cornette
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Depuis le règne fondateur de Philippe Auguste, vainqueur à Bouvines, le dimanche 27 juillet 1214, de l'empereur Othon IV et de ses alliés, la croissance territoriale et administrative de l'Etat de police, de justice et de finances et celle de l'Etat militaire sont allés de pair. Deux siècles plus tard, à la fin de la guerre de Cent Ans, en 1439, la décision de créer un impôt royal régulier et annuel, la taille, le démontre clairement : cette " noveleté " fiscale était parallèle à la mise en place, par Charles VII, d'une armée permanente affectée à la défense du royaume. Et désormais ces deux piliers de l'Etat moderne - l'impôt, l'armée - n'ont cessé de se justifier l'un par l'autre, d'autant qu'on assiste tout au long de l'Ancien Régime, à une sorte de " fuite en avant ", dans la mesure où l'armée se révèle vite surdimensionnée par rapport aux capacités financières de l'Etat : au temps de François Ier déjà, les deux tiers des entrées fiscales étaient affectés aux dépenses liées à la guerre. L'apogée est atteint lors de la guerre de Succession d'Espagne, entre 1707 et 1773, quand Louis XIV dispose d'une armée forte de près de 400 000 hommes. Au total, entre 1707 et 1774, plus de 650 000 Français entrent dans les armées françaises, devenues ce " géant du Grand Siècle ", monstrueux et dévorant Léviathan : les soldats sont alors plus nombreux que les clercs, et environ un adulte sur quatre s'engage au service du roi de guerre. L'effort militaire est sans doute plus important encore qu'il ne le sera au temps de Napoléon : en 7 872, seule la moitié des 600 000 soldats de la Grande Armée sera issue d'une France peuplée alors de trente millions d'habitants contre vingt millions au temps de Louis XIV. Sommaire. Grandeur et misère du roi de guerre. Les transformations finales de l'Etat louisquatorzien. Ecrire sur Colbert et l'Etat louisquatorzien. Une mise au point historiographique.
Voir le numéro de la revue «Historiens et géographes, 449, 01/02/2020»
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