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Monte Hellman, artisan de l'inconscient. Hommage
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On se souvient de l'événement que représenta en 2010 le retour inespéré de Monte Hellman après plus de vingt ans d'absence avec "Road to Nowhere". Ce film, qui restera donc son dernier, faux polar dont le véritable objet s'avérait être le pouvoir de fascination du cinéma (ou, comme l'a écrit son ami Victor Erice, " la chanson éternelle : le rapport entre les films et la vie "), avait déçu certains de ses admirateurs : il semblait a priori mal se raccorder à la trajectoire dessinée par "The Shooting", "Macadam à deux voies" ou "Cockfighter". Lui-même revendiquait d'avoir changé, se réclamant alors plus de Robbe-Grillet que de Beckett. Or, les déçus avaient tort: non seulement "Road to Nowhere" n'a rien de si incongru dans cette filmographie, mais ce qui caractérise précisément le parcours de Hellman est son caractère imprévisible, irréductible à des effets de signature ou à une thématique clairement définissable. Voilà un artiste qui ne s'est jamais installé dans le confort, qui n'a jamais considéré son évolution comme une promotion, qui toute sa vie a gardé le goût du risque, des expériences inédites, généralement aux budgets très réduits, récupérant une forme d'innocence qu'un Hollywood baigné de violence crépusculaire risquait de perdre dans un élan nostalgique, sinon cynique. Sommaire. Numéro Zéro. Bienvenue dans la jungle. La méprise. Straight inward. Le mal du pays. Le coq au vain. Western auroral. Le sang froid. Laura l'oracle. Un miroir brisé.
Voir le numéro de la revue «Cahiers du cinéma, 777, 01/06/2021»
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