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Immigration, post-colonialisme et biopolitique de l'identité au Japon / Philippe Pelletier
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L'Etat japonais conditionne sa politique migratoire à une conception de l'identité japonaise, et cela depuis la fin du XIXe siècle. Bien qu'entrant en contradiction avec des besoins économiques et une situation coloniale puis postcoloniale (présence, notamment, d'une minorité coréenne), il avance la peur du mélange et la crainte d'une dissolution nationale pour promouvoir des mesures restrictives, argument en partie endossé par les Japonais. Il doit, a contrario, établir " ce qu'est être japonais " par un cadre juridique définissant la " nationalité japonaise ", la " citoyenneté japonaise " et l'" état civil japonais " ("kôseki") qui s'appuie sur une nouvelle conception patriarcale de la famille (le "ie"). En rendant difficile l'accès à la nationalité japonaise autrement que par la patrilinéarité et en la fondant sur le "jus sanguinis", il prône une vision quasi racialiste et genrée de la japonité qui lui permet de mener une biopolitique de l'immigration correspondant à la vision nationaliste du "kokutai" (" corps-pays ").
Voir le numéro de la revue «Hérodote, 174, 01/09/2019»
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