Allô Bercy ? Les enrichis de la pandémie

Article

Cinquante et un milliard d'euros. L'année de pandémie, du blocage partiel de l'économie, du couvre-feu et de la "guerre sanitaire" n'aura eu qu'un effet limité sur la masse d'argent qui remonte aux actionnaires des entreprises du CAC 40 sous la forme de dividendes ou de rachats d'actions. 51 milliards d'euros, c'est l'équivalent des budgets cumulés des ministères de l'Ecologie et de la Solidarité, ou du tiers de l'aide déployée par la France pour amortir la pandémie. à la lumière de la crise, on redécouvre donc la déconnexion du CAC 40 avec l'économie réelle. On réalise le caractère inéluctable de la financiarisation des grandes entreprises et la vacuité de l'argumentaire qui s'était installé pour la légitimer. Cette idée selon laquelle l'argent capté par les actionnaires et les grands patrons serait la juste rétribution du risque qu'ils acceptent d'endosser. Idée qui s'évapore à la minute où le péril survient. La crise souligne aussi la paradoxale impuissance de l'Etat, alors qu'il dispose exceptionnellement de moyens illimités. 27 groupes du CAC 40 au moins ont perçu du chômage partiel, à quoi s'ajoute l'argent injecté par la Banque centrale européenne pour soutenir leur trésorerie et 10 milliards de baisses d'impôt. Que ces entreprises distribuent des dividendes irrationnels ou des salaires indécents, qu'elles polluent ou qu'elles licencient n'aura pas d'impact sur les aides qu'elles perçoivent. Voilà le tableau mis en évidence par le travail de décryptage de l'Observatoire des multinationales, qui publiait mercredi 26 mai son second rapport "Allô Bercy ? Pas d'aides publiques aux grandes entreprises sans conditions", tirant le véritable bilan du CAC 40 et des aides perçues durant la pandémie. Il appelle un examen approfondi de ce gigantesque effort national, pour déterminer s'il permet réellement de transformer l'économie, ou sert prioritairement à préserver la rente. Sommaire. Les actionnaires d'abord. Le laisser-faire comme nouvelle norme.

Voir le numéro de la revue «Politis, 1655, 27/05/2021»

Autres articles du numéro «Politis»

Suggestions

De la même série

Adrien Quatennens : "La question sociale est prioritaire, imposons-la" / Barnabé Binctin | Binctin, Barnabé

Adrien Quatennens : "La question sociale est ...

Article | Binctin, Barnabé | 2021

Le député de La France insoumise Adrien Quatennens dénonce la dérive sécuritaire actuelle et décrit, à l'approche d'échéances électorales, un programme de gauche pour y faire face.

Des Corps instables / Jérôme Provençal | Provençal, Jérôme

Des Corps instables / Jérôme Provençal

Article | Provençal, Jérôme | 2021

En mode printanier, pandémie oblige, le Festival d'automne présente "L'Art de conserver la santé" et "Vacances vacance", deux pièces drôlement mouvantes de la chorégraphe Ondine Cloez.

La Loi "sécurité globale", un vice de procédure / Nadia Sweeny | Sweeny, Nadia

La Loi "sécurité globale", un vice de procédu...

Article | Sweeny, Nadia | 2021

Si le Conseil constitutionnel a censuré certains articles du texte voulu par Gérald Darmanin, il ne s'est pas prononcé sur la forme, qui contourne la séparation des pouvoirs.

Les Communautés asiatiques contre le virus du racisme / Valentin Cebron | Cebron, Valentin

Les Communautés asiatiques contre le virus du...

Article | Cebron, Valentin | 2021

Face à l'augmentation en France des actes malveillants envers les "Chinois" depuis le début de la pandémie, un nouveau militantisme s'exprime sous l'impulsion des jeunes générations.

Allô Bercy ? Les enrichis de la pandémie |

Allô Bercy ? Les enrichis de la pandémie

Article | 2021

Cinquante et un milliard d'euros. L'année de pandémie, du blocage partiel de l'économie, du couvre-feu et de la "guerre sanitaire" n'aura eu qu'un effet limité sur la masse d'argent qui remonte aux actionnaires des entreprises du ...

Chargement des enrichissements...