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La Physique à l'école du poème : contrepoint didactique chez Jacques Réda / Thomas Mainguy
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L'essor de la modernité a en bonne partie eu raison de la discursivité en poésie, sous prétexte que le discours logique et référentiel appartenait plutôt au domaine impur de la prose. Depuis plusieurs années, Jacques Réda passe outre ce parti pris, notamment dans "La Physique amusante" (2009) et "Lettre au physicien" (2012), deux recueils consacrés aux découvertes de la physique moderne. Le présent article tente de faire ressortir la valeur contrapuntique de la poésie didactique et scientifique ainsi mise à jour. Par l'intermédiaire de ces genres poétiques désuets, Réda rend hommage à une science aussi bouleversante qu'inspirante. Une intention parodique sous-tend toutefois les leçons développées au fil des poèmes. Réda pastiche les discours savants dans le but de se tourner lui-même en dérision. Il fait ainsi régner une légèreté et un humour capables de transmettre le plaisir qu'éprouve le physicien du dimanche lorsqu'il se mesure aux postulats les plus abstraits de la science. Sans raideur professorale, les poèmes sont portés par une imagination qui aide à vulgariser les théories physiques et à les transformer parfois en d'étonnantes fabulations. Il affleure alors sous le discours scientifique certaines des grandes préoccupations métaphysiques que la tradition poétique véhicule depuis l'Antiquité.
Voir le numéro de la revue «Littérature, 180, 01/12/2015»
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